DUERP et RPS : comment traiter les risques psychosociaux dans les TPE ?

Dans les très petites entreprises, la prévention des risques repose souvent sur le dirigeant lui-même. Par manque de temps ou de ressources, les risques psychosociaux (RPS) sont encore trop peu pris en compte dans le DUERP, alors même qu’ils constituent une obligation réglementaire et un enjeu majeur de santé au travail.

👉 Stress, surcharge, isolement, tensions internes, charge émotionnelle… Les RPS ne sont pas réservés aux grandes entreprises : ils touchent aussi les TPE, parfois plus fortement, en raison de leur organisation resserrée.

Dans cet article, nous revenons sur l’essentiel : pourquoi intégrer les RPS dans votre DUERP et comment le faire de manière simple, opérationnelle et adaptée à votre réalité d’entreprise ?

À retenir

• Les RPS doivent être intégrés au DUERP comme tous les autres risques (obligation réglementaire).
• Les TPE sont particulièrement exposées : surcharge pour le dirigeant, polyvalence, faible effectif, relation client directe.
• Traiter les RPS ne nécessite pas de “gros dispositifs” : observation, écoute, organisation du travail et mesures concrètes suffisent.
• Un DUERP intégrant les RPS augmente la conformité, améliore le climat social et réduit l’absentéisme.

Pourquoi intégrer les RPS dans votre DUERP ?

Le Code du travail (article L.4121-1) impose d’évaluer l’ensemble des risques susceptibles de porter atteinte à la santé physique et mentale des salariés. Les RPS en font donc naturellement partie.

Pourtant, dans les TPE, ils restent souvent invisibles. Plusieurs raisons :

• La proximité dans les équipes donne l’impression que “tout se voit”, alors que des signaux faibles peuvent passer inaperçus.
• La polyvalence entraîne une charge mentale importante.
• Le dirigeant gère à la fois l’opérationnel, l’administratif, les urgences : un contexte propice au stress et aux tensions.
• Les arrêts maladie liés aux RPS sont en hausse dans les secteurs fortement exposés (commerce, services, artisanat).

👉 Intégrer les RPS dans le DUERP permet de structurer une prévention adaptée au terrain, de sécuriser juridiquement l’entreprise et de soutenir le bien-être des équipes.

Comment identifier les RPS dans une TPE ?

Même dans une structure de 3 à 10 salariés, il est possible d’évaluer les RPS de manière simple. Voici les principales étapes.

1. Observer l’organisation du travail réelle

Demandez-vous :

• Y a-t-il des pics d’activité récurrents ?
• La polyvalence crée-t-elle une surcharge mentale ?
• Les interruptions sont-elles fréquentes ?
• Les tâches émotionnellement difficiles sont-elles reconnues (clients exigeants, situations de conflit, exposition au public) ?

L’observation du quotidien reste l’outil le plus fiable en TPE.

2. Repérer les signaux faibles

Certaines manifestations sont révélatrices :

• Fatigue accrue, irritabilité, erreurs inhabituelles ;
• Relations tendues entre collègues ;
• Retards, isolement ou perte d’engagement ;
• Arrêts courts mais répétés.

👉 Ces signaux doivent être intégrés dans l’analyse des unités de travail.

3. Écouter les salariés

Dans les petites équipes, l’entretien informel joue un rôle clé. Une simple question — “Qu’est-ce qui complique ton travail en ce moment ?” — peut mettre en lumière des difficultés réelles.

Il ne s’agit pas de faire un “audit psychologique”, mais de recueillir les conditions d’exercice : autonomie, horaires, rythme, relation client, gestion des urgences.

4. Identifier les sources de RPS

Les RPS se regroupent généralement autour de 6 grandes familles :

• Intensité et temps de travail
• Exigences émotionnelles
• Manque d’autonomie
• Rapports sociaux et relations internes
• Conflits de valeurs
• Insécurité de la situation de travail

Votre DUERP doit documenter les situations concrètes rencontrées dans l’unité de travail : surcharge en période de saison, clients difficiles, travail en solitaire, absence de relais en cas d’urgence, etc.

Comment intégrer les RPS dans votre DUERP ?

L’objectif n’est pas de produire un document théorique mais de traduire la réalité du travail.

1. Décrire les situations à risque

Exemples typiques dans les TPE :

• Une même personne doit gérer caisse, accueil, téléphone et vente.
• Un salarié travaille souvent seul en atelier ou en intervention extérieure.
• Le dirigeant concentre toutes les décisions, ce qui crée des urgences permanentes.
• La relation client est tendue ou émotionnellement chargée.

2. Évaluer la gravité et la fréquence

Utilisez une grille simple (comme pour les risques physiques). L’essentiel est de documenter : “Pourquoi ce risque existe ? Quelle est sa conséquence possible ?”.

3. Définir des actions de prévention adaptées

Dans les TPE, de petites mesures peuvent avoir un impact important :

• Clarifier les priorités en période de surcharge.
• Instaurer des temps de transmission ou de débrief réguliers.
• Répartir certaines tâches pour éviter l’isolement.
• Prévoir une procédure claire en cas de conflit client.
• Former à la gestion du stress ou de la relation client difficile.
• Ajuster les horaires lors de pics d’activité.

👉 L’objectif est de réduire la charge mentale, de fluidifier l’organisation et d’améliorer la communication interne.

4. Mettre à jour et conserver la traçabilité

Comme pour tout autre risque, les RPS doivent apparaître clairement dans le DUERP :

• Par unité de travail
• Avec les facteurs de risques identifiés
• Avec les mesures mises en place et celles à programmer

Une mise à jour annuelle est recommandée, même en l’absence de changement majeur.

Les bénéfices pour votre TPE

Intégrer les RPS dans le DUERP, c’est :

• Renforcer la conformité réglementaire ;
• Améliorer le climat social et la fidélisation ;
• Réduire les erreurs, les tensions, l’absentéisme ;
• Protéger le dirigeant et les salariés ;
• Clarifier le fonctionnement interne et alléger la charge mentale.

La prévention des RPS est avant tout un investissement dans la pérennité de l’entreprise.

En conclusion

Les risques psychosociaux ne sont pas une “usine à gaz” réservée aux grandes entreprises. Dans les TPE, ils sont concrets, quotidiens, et peuvent être traités de manière pragmatique et efficace. Votre DUERP est l’outil central pour rendre visibles ces risques, structurer vos actions et sécuriser juridiquement votre entreprise.

Chez FD Conseil 44, nous accompagnons les dirigeants de TPE/PME dans l’intégration des RPS dans leur DUERP : démarche simple, outils adaptés, analyse du terrain et actions opérationnelles.

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