Evaluer les risques autrement : pourquoi et comment intégrer les différences femmes – hommes dans votre DUERP ?
En matière de santé et sécurité au travail, la loi impose à chaque entreprise de rédiger et de mettre à jour son Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels (DUERP).
Mais depuis 2014, une évolution importante est souvent passée inaperçue : le Code du travail (article L.4121-3) précise que l’évaluation doit tenir compte de l’impact différencié des risques selon le sexe.
👉 En clair, les femmes et les hommes ne sont pas exposés aux mêmes risques, ni de la même manière.
Pourtant, dans la majorité des TPE/PME, cette dimension est encore peu intégrée. Et c’est là qu’un regard différencié peut vraiment faire la différence — pour la conformité, mais aussi pour la qualité de vie au travail.
Pourquoi une approche différenciée est-elle nécessaire ?
Comme le rappelle le guide de l’ANACT (“Réaliser une évaluation différenciée des risques professionnels pour les femmes et les hommes”), les femmes et les hommes n’occupent pas les mêmes postes, n’ont pas les mêmes parcours, ni les mêmes conditions d’exercice.

Quelques constats parlants :
- Les métiers à prédominance féminine (santé, aide à la personne, propreté, commerce…) cumulent souvent plus de risques invisibles : charge émotionnelle, travail interrompu, postures prolongées, manque d’autonomie.
- Les métiers masculinisés (BTP, logistique, maintenance…) sont davantage confrontés à des risques physiques et d’accidents.
- Les parcours professionnels des femmes sont souvent plus fragmentés, avec une usure professionnelle plus rapide.
- Le matériel, les équipements et même les EPI sont encore trop souvent conçus pour un “travailleur moyen”… masculin.
👉 En intégrant cette approche, on rend visible ce qui ne l’était pas, et on agit plus efficacement sur les véritables causes des risques.
Comment intégrer concrètement cette approche dans votre DUERP ?
Même dans une petite entreprise, il est possible — et souhaitable — de mettre en œuvre cette démarche simplement. Voici les grandes étapes.
1. Observer la réalité du travail des femmes et des hommes
Posez-vous la question :
“Est-ce que les femmes et les hommes occupent les mêmes postes, les mêmes horaires, les mêmes conditions ?”
Une différence de mixité entre unités de travail (ex. : atelier vs. accueil client) doit attirer votre attention.

2. Croiser les données existantes
Regardez vos chiffres d’accidents du travail, d’absentéisme ou d’inaptitudes selon le sexe.
Cela permet de repérer des déséquilibres révélateurs d’une exposition différenciée aux risques.
3. Analyser les situations à risques réelles
L’objectif n’est pas de créer un DUERP “par genre”, mais de mieux comprendre les conditions de travail réelles : manutention, postures, rythme, stress, horaires, etc.
Les salariés eux-mêmes sont les meilleurs observateurs de leur quotidien.
4. Adapter les mesures de prévention
L’approche différenciée permet de construire des actions plus justes :
- Adapter le matériel (hauteur de plans de travail, outils, charges à porter…)
- Réévaluer les rythmes et horaires atypiques
- Mieux reconnaître les contraintes relationnelles et émotionnelles des métiers du soin, du commerce ou de l’accueil
- Former les encadrants à identifier les risques invisibles (épuisement, charge mentale, violences sexistes et sexuelles)
5. Mettre à jour le DUERP et le communiquer
Inscrivez les constats dans votre DUERP, par unité de travail, en précisant les risques spécifiques observés.
👉 Une évaluation différenciée bien documentée devient une vraie force lors d’un contrôle Inspection du travail ou CARSAT.
Les bénéfices pour l’entreprise
Adopter cette approche, c’est :
- Se conformer à la loi
- Améliorer la santé et la fidélisation de ses salarié·es
- Valoriser une politique d’égalité professionnelle réelle
- Nourrir une culture de prévention plus juste et plus durable
Les différences ne doivent pas être niées : les comprendre, c’est mieux protéger tout le monde.
En conclusion
Différencier n’est pas discriminer.
C’est reconnaître que les réalités de travail ne sont pas les mêmes pour tous — et que la prévention doit s’y adapter.
Chez FD Conseil 44, nous accompagnons les dirigeants de TPE/PME dans la mise à jour de leur DUERP et l’intégration de cette dimension “femmes-hommes”, de façon simple, pragmatique et conforme à la réglementation.
📞 Besoin d’un diagnostic DUERP différencié ?
👉 Contactez-nous sur www.fdconseil44.fr
Pour aller plus loin et retrouver le guide complet de l’ANACT sur ce sujet : guide ANACT